Eloge de mon fidèle compagnon

Je l'aimais bien mon Ami.

Ca faisait quelques mois je l'avais pris avec moi. Lorsque son prédécesseur avait disparu un jour, sans plus jamais donner de nouvelles, je m'étais attaché ses services.

Il était docile, il faisait exactement ce que je voulais. Et quand je le voulais.

Je l'hébergeais à la maison. Et parfois je l'y oubliais, partant travailler sans lui alors que c'était pour cela que je l'avais pris avec moi!. Et quand je rentrais le soir, il était là. A m'attendre, comme si j'étais parti, il y a 5 secondes. Sans un mot, ni le moindre air de un reproche.

Mais le plus souvent, il passait des heures et des heures au bureau, à travailler avec moi. Infatigable.Il détestait un seule chose : avoir la tête en bas. Ca lui coupait tous ses effets.Je ne le laissais pas trop faire de petits dessins pendant les réunions (parce que j'ai une réputation à tenir et surtout aucun don pour le dessin). Par contre, pour m'aider à coucher les mots sur le papier, c'était toujours lui qui m?aidait. Et là où il excellait le plus, c'était dans les chiffres. Bien sûr, quelques petites erreurs par-ci par-là, mais jamais rien de grave. Et puis finalement, n'étais-je pas d?une certaine manière responsable des erreurs qu'il faisait ?

Il avait fière allure. Longiligne. Jamais effacé. Se faisant oublier même. Toujours habillé sobrement avec la même tenue. Juste avec du synthétique. Pas des goûts de luxe.

Il était étonnant: non seulement cela ne l'embêtait pas qu'on le prenne pour une bille, mais en plus il le revendiquait!

Il avait toutes les qualités du monde: très fin, jamais tape-à-l'oeil et beaucoup plus efficace que ses riches homologues portant bagues d'or ou d'argent.

Aucun signe avant-coureur de sa fin prochaine.Il est mort aujourd'hui. Vidé.

Il me manque.

Adieu mon Bic, je t'aimais bien tu sais !